Une chambre à soi.
C’est par ce titre d’un essai de Virginia Woolf que je voudrais m’adresser à vous. Je me suis replongée récemment dans l’univers Woolfien après avoir rencontré l’auteur Amélie Nothomb cette semaine. Elle citait Virginia Woolf lors de sa conférence en ces termes : «Il ne s’est rien passé tant qu’on ne l’a pas écrit». (En version originale : «Nothing has really happened until it has been described». Cette phrase, prononcée selon les biographes, par Virginia Woolf comme conseil d’écriture, résonne de manière particulière chez Amélie Nothomb, qui en fait plutôt une injonction de résilience face à une agression qu’elle a subi plus jeune. Ecrire pour survivre, pour vivre, pour exister ? (Il existe d’ailleurs si le cœur vous en dit un très joli film «écrire pour exister» sur le devoir de mémoire de la Shoah).
Cette citation m’a ramené à l’essai de Virginia Woolf : «Une chambre à soi» qui est considéré comme un texte important du féminisme. Ce texte détaille de façon exhaustive et ironique pourquoi la femme de l’époque ne peut presque pas publier d’écrits. Ce qu’il lui faudrait réellement pour publier. Tout commence, entre autres choses, par «quelque argent et une chambre à soi» où elle pourrait s’isoler de sa famille. Un lieu pour exister à travers les mots, où elle serait « déchargée » des tâches inhérentes à sa condition de femme pour quelques heures. Oui, Virginia Woolf parlait déjà de charge mentale en 1929! Mais ce lieu de retrait, nous devrions toutes et tous l’avoir. Car que l’on écrive, ou jouions de la musique, dessinions, contemplions la nature…, c’est essentiel d’avoir un lieu pour soi, pour matérialiser ce que notre cœur contient.
Aurélie Ethuin Lanoy