Le temps de préparation à Pâques dure quarante jours; c’est pourquoi on a utilisé en latin le mot Quadragesima, d’où vient notre mot « Carême ».
Il y a cependant deux façons de compter : d’après l’une, le temps de préparation commence au premier dimanche de Carême et se termine le Jeudi saint, juste avant le Triduum paschale (voir p. 674). Mais si l’on compte les jours pendant lesquels on jeûne – les dimanches n’en font pas partie – on doit commencer avec le mercredi des Cendres et aller jusqu’au samedi Saint, pour arriver à quarante jours.
Le chiffre quarante remonte à des sources bibliques : pendant quarante jours, Moïse (Dt 9,9) et Elie (1 R 19,8) se sont préparés à la rencontre avec Dieu en jeûnant ; pendant quarante jours, Jésus (Mt 4,1-11) s’est préparé en jeûnant à l’obéissance à Dieu, absolument indispensable pour sa mission. C’est pendant quarante ans que le peuple d’Israël marche dans le désert pour atteindre la terre promise. Cela aussi joue un rôle.
Le jeûne, comme renoncement plus ou moins prolongé à certaines nourritures (animales) ou comme limitation occasionnelle du manger et du boire à l’essentiel (jeûne de pénitence le mercredi des Cendres, jeûne de deuil le Vendredi saint et le Samedi saint) n’est qu’un aspect de l’orientation fondamentale de conversion de l’âme et du corps vers ce qu’en fin de compte, la vie en et avec Dieu ouvre (voir Mt 4,4). Quelle que soit la signification qu’on veut bien lui donner, un extrait tiré de la Préface du Carême la fait comprendre : « Dans la prière, tu nous fais sentir ta présence. Quand nous pratiquons le jeûne et le renoncement, tu nous libères des puissances de ce monde. Tu nous dispenses les richesses de ta grâce quand nous soulageons la misère des pauvres. » Ce serait un malentendu s’il s’agissait de s’interdire ce que, de toutes façons, nous ne devrions pas faire.
Les célébrations du Carême invitent à la conversion renouvelée et au retour à Dieu et à la Bonne Nouvelle du Royaume proclamée par Jésus-Christ, respectivement à la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de l’envoyé de Dieu, Jésus Christ, prêchée par les apôtres. Dans cette dynamique, une actualisation du baptême s’accomplit. Un tel retour comprend aussi de nouveaux départs dans des relations interpersonnelles difficiles et des gestes libérateurs de réconciliation. C’est ce à quoi motivent les lectures bibliques, mais aussi les célébrations pénitentielles du mercredi des Cendres (respectivement du « dimanche des Cendres ») ainsi que celles du premier et du cinquième dimanche du Carême. La célébration pénitentielle du Jeudi saint, avec sa promesse de pardon et de l’acceptation renouvelée dans la communion avec Dieu, clôt le temps de préparation à Pâques (voir Tome II).
En dehors des célébrations, les collectes pour les œuvres d’entraide des Eglises – comme notre œuvre «Etre Partenaires» – et les soupes de Carême organisées par les paroisses mettent en pratique la nécessité de partager les dons de la Création et le travail des êtres humains avec celles et ceux qui sont dans le besoin.
Selon une ancienne tradition, le Quadragésime est aussi le temps de préparation des candidat-e-s au baptême pour être membres à part entière de l’Eglise. A mieux, le baptême est célébré la nuit de Pâques avec l’eau bénite, aussi utilisée à cette fin.
Le mercredi des Cendres (ou le « dimanche des Cendres » dans les régions qui connaissent une date de Carnaval tardive), les participant-e-s reçoivent au début de la célébration eucharistique des cendres – qui proviennent des rameaux de l’année passée – répandues sur la tête (voir N°286). Cela les confronte à la finitude de la vie humaine, dans laquelle l’appel à la conversion les touche, pour s’ouvrir au Dieu de vie, plus grand que notre cœur.
(Référence: p. 608 du CG)