Vœux pour l’année 2023

Chères catholiques-chrétiennes,
Chers catholiques-chrétiens,

Que comprenons-nous par le slogan « en route » ou encore « 150 ans d’Église catholique-chrétienne de la Suisse » ? Ce n’est pas très vieux, direz-vous. Mais si on suppose qu’une génération équivaut à 30 ans, alors 150 ans correspondent à 5 générations. A nouveau, cela ne nous semble pas beaucoup. Mais si nous songeons à la manière dont nos ancêtres, donc nos arrière-arrière-arrière-grands-parents vivaient, pensaient et agissaient en l’an 1872, alors nous nous rendons compte que les souvenirs qui remontent à cette époque se basent simplement sur des archives. Et du coup, ces 150 ans peuvent nous apparaître comme une assez longue période. Il n’empêche, nous sommes aujourd’hui encore touchés par la clairvoyance et la capacité de nos ancêtres de ne pas se laisser influencer par les courants (indésirables) de l’Église (catholique). Ils s’étaient résolument au dogme de l’infaillibilité, et souhaitaient bien au contraire une Église humaine. Si nous observons les développements marquant les Églises, courants religieux et croyances les plus diverses, en Europe comme au-delà, alors nous sommes souvent consternés par des comportements intransigeants voire inquisiteurs, ou encore par l’émanation de dogmes (au sens de doctrines). Si nous considérons de plus les attentats effrayants qui se répètent régulièrement au sein des Églises et autres communautés religieuses à l’encontre des enfants, femmes et hommes, alors nous pouvons vraiment nous rendre vraiment compte que les personnes qui nous ont précédées il y a 150 ans étaient bel et bien largement en avance sur leur temps.

C’est du moins ce qui ressort des discussions avec les personnes qui visitent l’exposition itinérante « en route » ; encore et encore, le dogme de l’infaillibilité est un sujet d’échanges et de paroles parfois véhémentes. On peut toutefois regretter que les foules ne se déplacent pas, bien que – à l’exemple de la première apparition dans le Fricktal – la venue de l’exposition avait été précédée par une invitation et une brochure d’information adressées à tous les ménages de la paroisse, ainsi qu’un reportage pleine page rédigé par une journaliste et publié dans deux journaux locaux. Malgré ces efforts, l’intérêt et le nombre de visites sont restés limités. Peut-être qu’à l’avenir, pour les futurs lieux de la tournée de l’exposition itinérante, une campagne d’information encore plus active serait plus prometteuse, éventuellement en accentuant les efforts pour contacter et inviter personnellement les paroissiennes et paroissiens. Lors de rencontres ou au téléphone, nous pourrions encore mieux informer nos connaissances, les parents d’enfants en catéchisme ou encore les personnes proches de la paroisse sur le contenu de l’exposition. Comme supports peuvent servir les informations sur les 150 ans de l’Église catholique-chrétienne de la Suisse, l’invitation personnelle voire la perspective d’un apéro. Les discussions ne sont ensuite qu’une suite logique.

L’Église est en route en tant que communauté. « En route » est synonyme de mouvement pour notre communauté catholique-chrétienne, ce qui est directement et complétement en phase avec notre message. Nous comprenons ainsi l’exposition itinérante « en route » comme un départ vers de nouveaux rivages, vers des réformes (l’Église réformée du canton d’Argovie souligne sa réforme actuelle avec l’expression revisitée « En Argovie comme au ciel » ; sans vouloir aller aussi loin, la demande associée « Que ta volonté soit faite » que nous exprimons dans le « Notre Père », illustre cette volonté).

Quelques informations à l’exemple du canton d’Argovie seraient ici appropriées. Il y a 50 ans, environ 90% de la population argovienne appartenait à une des trois Églises nationales. Cette part représente aujourd’hui, donc à peine deux générations plus tard, moins de la moitié de la population. En chiffres : des 703’000 personnes qui habitaient le canton d’Argovie en mars 2022, environ 350’000 se réclamaient éventuellement d’une des trois Églises nationales. Les chiffres ne sont pas contestables. C’est pourquoi nous devons renouveler sans relâche nos structures pour s’adapter aux fulgurants changements sociétaux. Ce mandat était un des nombreux thèmes de la retraite annuelle du Conseil synodal à Lugano, en octobre 2022. Nous voulons aller à votre rencontre, vous les membres de notre Église, vous motiver et inviter à participer aux événements, à y prendre part mais sans que personne ne se sente accaparé. Nous souhaitons vous encourager à apporter vos opinions. Et éventuellement voudriez-vous faire don un jour de votre expérience professionnelle et sociétale et vous investir dans une tâche, une responsabilité, un ministère au service d’une de nos paroisses ou au niveau de notre diocèse ?

Nous avons pleine conscience de la problématique de la communication et de l’échange au cœur de notre Église. C’est pourquoi nous voulons et nous devons plus que jamais nous écouter mutuellement. La pluralité des opinions est constamment souhaitée, car souvent ce sont des idées peu ordinaires qui mènent à des solutions extraordinairement bonnes. Il est d’autant plus regrettable que des propositions sont certes amenées, mais combinées avec lourdeur et insistance de critiques de nature personnelle. Quelle tristesse ! Car les attaques sans fondement sont comprises par nous toutes et tous comme des critiques personnelles. Il s’ensuit une impression d’un genre de « débat ou dispute parlementaire », où une personnification de l’homme ou de la femme est mise en avant, une approche qui n’est que rarement fructueuse, mais la plupart du temps blessante et hors propos. Il serait donc agréable et utile à la cause commune que l’on se concentre sur les faits, car imposer à tout prix aux autres ses convictions personnelles ne conduit qu’à la frustration et au mécontentement, et absorbe un temps fou. Cet amalgame toxique (veuillez me pardonner cette formulation) conduit en définitive aussi à ce que des personnes quittent notre Église. Une manière efficace pour garder notre communauté unie serait d’investir nos forces en première ligne en faveur des gens, et nous (pré-) occuper beaucoup moins de nos « petits problèmes ».
C’est pourquoi nous sommes convaincus que la base d’une bonne communication est la confiance et l’ouverture, et surtout le contact interpersonnel intensif.

Ernst Reinhardt (*1932), docteur en philosophie, publiciste, éditeur et aphoriste suisse, nous apporte l’enseignement suivant :

« La communication vaut beaucoup. Mais tout ne vaut pas la peine d’être communiqué ».

Et nous voulons volontiers emporter ces sages paroles dans notre baluchon pour l’année à venir ! Je vous souhaite de tout cœur une année 2023 remplie de santé et de confiance.

Manuela Petraglio
Présidente du Conseil synodal