Il faut vivre avec son temps

Cette assertion récurrente m’interroge. Le monde moderne n’est pas mauvais en soi, bien au contraire, il est riche de tant de biens, de techniques et d’avancées. Mais l’emploi de cette phrase sonne trop comme une fatalité. Car là où ce pourrait être une exhortation optimiste, elle s’apparente plutôt à une résignation! Autrement dit, cette phrase nous impose la pensée que nous n’avons pas le choix! Mais pourquoi n’aurions-nous pas le choix? Pourquoi devrait-on abdiquer devant tant de bêtises modernes sous prétexte que c’est dans « l’air du temps »? Une bêtise, même moderne reste une bêtise. Pourquoi vouloir faire comme les autres ? Certes, il n’est pas facile de distinguer ce qui passe de ce qui demeure. Mais sommes-nous obligés de consentir à renier nos convictions, juste pour être «dans le coup»?

Nous ne sommes pas sur terre pour être des témoins passifs. Il faut remettre à l’honneur l’une des plus nobles qualités de l’être humain: le courage. Or c’est une qualité qui manque cruellement parfois à ceux qui veulent diriger. Mais je ne souhaite pas tomber dans le pessimisme… Il faut puiser dans l’espérance des raisons de se réjouir et dans le devoir de conscience des capacités de discernement. Mettre un peu d’éternité dans notre regard et nous affranchir de cette tendance très humaine de focaliser sur un évènement au risque d’en déformer la nature. Alors «vivre avec son temps», oui! Mais changer le monde sans que le monde nous change.

Aurélie Ethuin-Lanoy