Je me souviens d’une revue qui titrait : « Je suis débordé, donc je suis ?». Nous nous inscrivons souvent dans une boulimie d’activités. Que nous nous imposions nous-mêmes un rythme aussi effréné ou que nous y soyons contraints par les autres, cela est un mal de notre époque. Alors que les moyens modernes sont là pour gagner du temps, ce temps si précieux semble nous échapper.
Je peux dire que moi-même je suis souvent dans ce tourbillon : plus je le cherche plus il m’échappe. J’ai l’impression qu’il me manque toujours. Ensuite vient cette question: si je manque toujours cruellement de ce temps, est-ce moi qui l’emploie à mauvais escient ? Souvent pour intensifier les heures au travail, on rogne sur de précieux moments, on laisse le travail envahir toute sa vie telle une addiction. Parfois même, on rogne sur ses heures de sommeil : mauvaise idée ! Mais épuise-t-on pour autant la liste de ce que nous voudrions faire ? Non. Jamais le monde ne tiendra entre nos mains. Goûte-t-on vraiment le moment vécu ? Le laisse-t-on « résonner» en nous ? Dans un quotidien saturé, quelle place fait-on à l’émerveillement, à l’inattendu ?
Avec l’accélération de nos rythmes de vie, qui peut être grisante, nous risquons de ne plus voir le monde alentour. Et même s’il est des jours où l’on « coupe », avec du repos, des marches, des jours sans portable… cherche-t-on à s’affranchir de l’accélération du temps, ou à recharger nos batteries pour mieux y replonger ?
Aurélie Ethuin Lanoy