Les célébrations en mutation
Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.
(Actes 2,42)
Chères sœurs, chers frères,
Il est incontestable qu’en Suisse, dimanche après dimanche, la grande majorité des chrétiennes et des chrétiens n’assiste pas aux célébrations paroissiales – dans notre Eglise également. Bien entendu, il existe des paroisses où ce n’est pas le cas, mais il s’agit d’une tendance évidente.
Bien qu’il puisse être utile de se livrer à une réflexion au sujet des causes et des raisons de cet état de fait, il me semble plus pertinent de nous demander pourquoi les fidèles devraient se rendre à l’église et ce qui a changé par rapport aux époques antérieures.
C’est pourquoi je vais commencer ma Lettre pastorale 2022 par un bref rappel historique de quelques aspects de la célébration religieuse et des diverses fonctions qui ont été les siennes. L’histoire de la célébration liturgique, manifestation de la foi vécue et célébrée, reflète l’expérience spirituelle du salut, interaction de Dieu et des humains. Les réformes liturgiques attestent des modifications nécessaires, qu’elles aient été conditionnées par les époques ou apportées pour corriger des évolutions fautives.
Dans la seconde partie, je vais examiner s’il existe ou non une doctrine ou une théorie immuables au sujet du sens et du but de la célébration et ce que cela signifie pour nous aujourd’hui. Mais je souhaiterais surtout stimuler le débat à ce sujet dans nos paroisses.
Historique des fonctions de la célébration religieuse
Pour commencer, il me semble important de tirer au clair la signification des termes: célébration et liturgie sont des termes génériques. Il existe différentes formes de célébrations et de liturgies, par exemple, dans le christianisme, la prière du matin (laudes), la prière du soir (vêpres), les liturgies de la Parole, les célébrations eucharistiques, les baptêmes, les mariages, les services funèbres, la prière individuelle, l’audition ou la pratique de la musique sacrée, etc. Dans notre tradition catholique-chrétienne, lorsqu’on parle de célébration religieuse on pense généralement à la célébration eucharistique du dimanche avec prédication, et c’est à cette forme que je vais me référer essentiellement.
Les premiers chrétiens et chrétiennes se réunissaient quotidiennement pour la prière du matin et du soir au sein de leur famille étendue ou en petits groupes. Dans ces célébrations, pour lesquelles de petits groupes ou communautés se réunissaient dans des maisons privées, le symbolisme de la lumière (lever et coucher du soleil) jouait un grand rôle, tandis que la cène était réservée au dimanche. Par ailleurs, nombreux étaient celles et ceux qui continuaient à se rendre au Temple de Jérusalem ou à la synagogue locale, ou aux deux. En effet, à l’origine, ils ne se distinguaient des autres juifs que par le fait qu’ils voyaient en Jésus le Messie promis par Dieu. C’est seulement avec la rédaction du Nouveau Testament et la mise en place de structures propres (fondation de l’Eglise à Pentecôte et de communautés grâce aux activités missionnaires des apôtres) qu’on voit apparaître des célébrations spécifiquement chrétiennes qui, à l’origine, avaient lieu en secret pour échapper aux persécutions. En 138 de notre ère, l’empereur Hadrien autorisa la construction d’églises. L’Etat romain commença à tolérer officiellement le christianisme après l’an 300. Au début, le dimanche n’était pas jour de repos officiel et on se réunissait le soir. La prière, le chant, la proclamation de la foi et le repas pris en commun figuraient au premier plan de ces réunions. A l’origine, il n’existait pas de tenue particulière: chacune et chacun venaient comme il leur plaisait.
La structure de base suivante est attestée dès l’an 150:
- Lecture de textes bibliques, notamment du Nouveau Testament
- Allocution de la personne chargée d’officier
- Prière en commun et intercession pour la communauté et l’ensemble de l’Eglise
- Souhait de paix
- Préparation des dons
- Action de grâce et
- Distribution de la cène aux fidèles présents, pour se terminer par un repas pris en commun.

Plus tard, les diacres apportent la cène aux personnes malades ou absentes. Pour reprendre des termes de notre temps, on partageait lors de la cène et du repas un ou plusieurs pains. Les hosties n’apparurent que plus tard. En outre, on buvait du vin, souvent coupé d’eau par souci d’économie, comme il était d’usage dans l’Antiquité.
Sous sa forme actuelle, notre liturgie est issue de cette tradition: il s’agit essentiellement d’une «célébration de la résurrection et de l’action de grâce», dans la perspective du retour imminent du Christ. Nous devons vivre de manière à être prêts pour le retour du Seigneur s’il a lieu demain.
L’élévation du christianisme au statut de religion de l’Etat romain se traduisit par un changement radical. Une minorité religieuse devint Eglise du peuple, puis Eglise d’Etat. Les communautés connurent une croissance rapide, construisirent de grandes églises et engagèrent des prêtres à plein temps. Le recours à la musique et l’entrée des ecclésiastiques en vêtements sacerdotaux firent des services religieux une manifestation en l’honneur du nouveau maître de l’univers, Jésus Christ. Le caractère convivial de la cène, avec l’évocation de la mort et de la résurrection du Christ, fit place à une liturgie structurée de manière solennelle. Le pain fut remplacé par des hosties et on institua le calendrier liturgique.
Avec l’établissement et la diffusion du christianisme, on vit apparaître diverses liturgies en fonction des cultures et, par la suite, des confessions différentes. Je me bornerai ici à l’Eglise occidentale dont nous nous réclamons de la tradition.
Dès le Moyen Âge, la vie sacramentelle servit aussi à discipliner les fidèles (notamment au moyen de la confession) et à légitimer les détenteurs du pouvoir. Lors des célébrations, les fidèles devinrent des spectateurs passifs, les laïcs. Bien qu’il y eût des mouvements de réforme de toute sorte, issus notamment des ordres et des couvents, et des tendances mystiques, ce n’est qu’avec la Réforme et les Lumières que les fidèles retrouvèrent une place prépondérante. De même, la prédication et la participation des personnes laïques à la célébration reprirent l’importance qu’elles avaient dans l’Eglise ancienne; c’est à cette tendance également qu’on doit le recours à la langue locale dans la célébration.
Bien que lors du Concile de Trente l’Eglise catholique romaine ait adopté certains éléments issus de la Réforme, la forme de la messe demeura marquée par la solennité et les rites. Cela se manifeste tout particulièrement dans les églises de l’époque baroque: comme dans une salle du trône, tout l’espace du sanctuaire est orienté vers l’avant où siège Dieu, ou plutôt son œil tout-puissant.
Ce n’est qu’avec le Concile Vatican II que des changements notables furent introduits dans la messe de l’Eglise catholique romaine. Dans notre Eglise catholique-chrétienne, l’évolution des 150 dernières années se manifeste dans nos recueils de prières et de chants, nos missels et nos rites, ainsi que dans les Lettres pastorales des évêques1.
La langue courante fut introduite assez tôt dans nos célébrations, l’obligation de la confession orale fut abolie, remplacée par une préparation collective avec confession des péchés et demande de pardon qui prend place au début de la célébration dominicale de l’Eucharistie. Nous distinguons entre la liturgie de la parole (y compris l’intercession) et la liturgie sacramentelle (à partir du souhait de paix et, aux jours de fête, de la confession de foi). La liturgie sacramentelle est centrée sur l’Eucharistie, avec la préparation des dons, la prière eucharistique et la fraction du pain avec le Notre Père, en guise de préparation à la distribution et à la réception du pain et du vin.
Dès les débuts de notre Eglise, sa manière de célébrer la liturgie fut un élément fondamental de sa conscience d’elle-même et de son identité, tout comme sa conception de l’Eglise. Au cours du service religieux, du fait de sa conception et de la participation des fidèles, s’exprime non seulement ce que nous croyons mais aussi la manière dont notre Eglise est structurée et organisée: évêque ou prêtres des deux sexes, diacres des deux sexes, lecteurs / lectrices, membres des instances de l’Eglise, sacristines / sacristains, organistes, enfants de chœur, etc. La célébration du service religieux ne peut être dissociée du reste de la vie paroissiale. Tous et toutes participent aux célébrations du dimanche et des jours de fête: du point de vue ecclésiologique, la liturgie est célébrée par l’Eglise ou par la paroisse, et c’est elle qui apporte le pain et le vin sur l’autel. L’évêque et les prêtres des deux sexes sont essentiellement les «mandataires» chargés de présider aux célébrations.
En même temps, notre Eglise a aboli l’obligation de se rendre aux célébrations dominicales. Les personnes qui viennent le font pour répondre à un besoin individuel. Au cours des dernières décennies, toujours plus nombreuses sont celles qui se réclament de cette liberté. C’est là une évolution positive, même si elle diminue la fréquentation des célébrations.
Théorie / doctrine sur le sens de la célébration
Je voudrais ici résumer succinctement ce que j’ai appris lorsque j’étais enfant, écolier et étudiant – et ce que je crois –, en rassemblant ces éléments sous forme de thèse pour les exprimer de la manière qui est actuellement la mienne.
- Le service religieux est un mystère de la foi, dans lequel le ciel et la terre se rejoignent. Il possède une dimension mystique et n’est pas une thérapie, ni une coutume, ni un divertissement. Dans notre profession de foi (credo), nous mentionnons les mondes visible et invisible qui se rejoignent.
- Au cœur de la célébration se trouve l’expérience de la présence de Dieu dans la parole et les sacrements, présence qui nous fortifie en vue de notre service dans le monde – proclamation, pastorale, diaconie – et nous rappelle le caractère éphémère de notre existence. Comme l’exprime la prière eucharistique qui introduit la cène, «Avec toute ton Eglise, nous te louons et attendons dans la joie le retour de ton Fils, notre Seigneur Jésus Christ… Il nous a demandé de célébrer sa mort et sa résurrection, jusqu’à ce qu’il revienne en gloire… C’est pourquoi, Seigneur, nous te présentons ce pain et cette coupe et célébrons avec ces dons le souvenir de la mort et de la résurrection de ton Fils… Nous proclamons la mort du Seigneur; nous célébrons sa résurrection jusqu’à ce qu’il revienne en gloire.»
- Nous participons au service religieux pour être en communion avec Dieu, et en même temps pour approfondir et vivre notre foi personnelle et collective.
- D’après le livre des Proverbes (29,18) de l’Ancien Testament, une communauté sans mémoire est vouée à la perdition, c’est pourquoi seul est convaincant une célébration religieuse qui existe dans la tension entre la mémoire (pourquoi célébrons-nous?) et l’avenir (pourquoi voulons-nous transmettre cela?).
- «Qu’est-ce que la participation aux célébrations m’apporte?» est à mon sens une mauvaise question. En fin de compte, on ne peut pas être chrétien ou chrétienne pour soi, mais seulement si on célèbre régulièrement la liturgie avec les autres membres de la communauté. Il s’agit du besoin intime d’être l’Eglise ensemble, et ce besoin, on le ressent ou on ne le ressent pas.
- Dans la participation aux célébrations tous les dimanches et jours de fête, c’est notre conception de l’Eglise ancienne qui s’exprime. Toutes les autres activités de la paroisse – groupes bibliques, catéchisme, séances, activités sociales, vie associative – trouvent leur accomplissement dans la célébration dominicale lorsque nous y participons tous ensemble. La communauté célèbre l’Eucharistie et apporte le pain et le vin sur l’autel. La célébration eucharistique constitue le cœur et le centre de l’Eglise dont découle sa force.
Qu’est-ce que cela signifie pour nous de nos jours?
Qu’est-ce que cela signifie en un temps où bien des gens ne se rendent plus à l’Eucharistie dominicale ? Ils ne reçoivent plus le pain et la boisson célestes ni n’écoutent la proclamation de la Parole de Dieu lors de la prédication, source de force. Apparemment, ils ne se considèrent ni se sentent plus comme les éléments d’un grand tout.

L’histoire des célébrations montre qu’il n’est pas quelque chose de statique, mais qu’il se trouve dans un état de mutation constante, même si cela prend du temps; de même cette célébration n’a pas eu de tout temps la même valeur sociale. Lorsqu’une telle valeur ne découlait pas – ne découle pas – de la conviction individuelle des fidèles mais de la pression de la société, d’une Eglise puissante ou de circonstances extérieures telles que des catastrophes naturelles ou des guerres, elle était et est négative. L’adhésion à une Eglise et la fréquentation du service religieux n’ont de sens que si elles sont volontaires et répondent à un besoin intime.
En ce qui concerne la Suisse, voici les conclusions qu’on peut tirer d’études scientifiques: dans les Eglises nationales et multitudinistes, de nombreux fidèles limitent leur participation au service religieux aux grandes fêtes ou à ce qu’on appelle les casuels (baptêmes, mariages, obsèques), qui confèrent à leur vie une certaine stabilité. Ce faisant, ces personnes recherchent une sécurité émotionnelle teintée de spiritualité et ne souhaitent pas être confrontées aux questions actuelles brûlantes de nature politique, ni forcées de prendre position. Elles souhaitent se sentir accueillies et trouver un sens à leur existence plutôt que d’adopter les systèmes de valeurs que l’Eglise représente officiellement, ce qui pourrait déboucher sur une invitation à agir. C’est pourquoi ces personnes réagissent aux modifications apportées de manière souvent plus véhémente que les fidèles réguliers. Ces derniers sont plus ouverts – même parfois de manière critique – aux changements dans le déroulement et le contenu de la liturgie. Mais ce que tous les participant·e·s aux célébrations ont en commun, c’est l’expérience que celle-ci est chargée de sens.
Les célébrations: régularité, lieu, déroulement, langage
En période de changements historiques, les contradictions sont inévitables. D’un côté, sur la base de notre conception de l’Eglise ancienne relative au contenu et au droit canon, on ne peut parler d’Eglise ou de paroisse que si des membres engagés veillent à ce que la liturgie soit célébrée au moins chaque dimanche et jour de fête. Cela implique des lieux adéquats et un Conseil de paroisse élu par l’Assemblée paroissiale et un prêtre, homme ou femme. D’un autre côté, Jésus (Matthieu 18,20) promet d’être présent là où deux ou trois personnes se réunissent en son nom.
Je suis désagréablement surpris lorsque des paroisses souhaitent cesser de célébrer tous les dimanches et jours de fête, en avançant qu’il y a trop peu de fidèles – cinq ou dix personnes –, sans compter ce que cela coûte… Premièrement, je suis convaincu
qu’une diminution des célébrations ne se traduit pas par une fréquentation accrue, bien au contraire… Deuxièmement, cette façon de penser néglige un élément crucial: c’est Dieu et Jésus Christ qui nous invitent et non pas le Conseil de paroisse, ni l’officiante ou l’officiant… Une stratégie qui commence par couper les racines d’un arbre ne saurait être couronnée de succès.
Cependant, si la sécularisation continue de progresser, nous ne pourrons pas éviter de procéder à des réformes structurelles cruciales. Si on peut présumer que dans vingt ans, seulement 30% de la population suisse adhérera volontairement à une Eglise ou une religion, j’envisage notre Eglise – diocèse de quatre régions et des paroisses en nombre restreint mais bien vivantes, où les services religieux sont bien fréquentés – comme autant d’îles dans un océan de sécularisme qui continueraient à rendre témoignage de la foi chrétienne.
S’il convient de sauvegarder l’importance de la célébration dominicale, il ne peut, de nos jours, répondre à tous les besoins. Il faut offrir d’autres solutions – concrètes, de nature auditive et visuelle.
Mais cela ne peut fonctionner que si on combine l’acquis avec la nouveauté en recourant à la concentration et à l’établissement de priorités. Il est inutile, dans une région où existent six célébrations eucharistiques classiques peu fréquentées, de proposer d’autres formes tout en conservant ce qui s’est fait jusque-là. En outre, si on considère la célébration religieuse dans sa fonction missionnaire et de ciment de la communauté, il faut prendre en compte le fait que les personnes intéressées ou à la recherche d’un lieu spirituel ne se sentiront pas à l’aise, parce qu’observées, dans un service religieux peu fréquenté.
Il convient d’envisager des formes de service religieux nouvelles et différentes.
Je voudrais ici citer et justifier deux exemples.
Je me pose la question de savoir s’il n’est pas judicieux de diffuser les services religieux en direct et de les mettre ensuite à disposition sur une page d’accueil et/ ou, après avoir présenté une prédication, d’envoyer celle-ci par courriel à tous les membres qui souhaitent en prendre connaissance. Les expériences faites à ce jour à la suite de la pandémie de covid ainsi que lors des services réguliers télévisés sont encourageantes. Ces formes rejoignent mieux les jeunes fidèles dans l’aménagement de leur temps libre, mais aussi les plus âgés qui auraient des difficultés à se déplacer. J’ai parfaitement conscience que dans ces cas-là, l’acte liturgique perd l’une de ses trois dimensions pour n’en garder que deux. Mais cette circonstance pourrait justement, pour les responsables des services religieux, être l’occasion de relever un défi en imaginant d’autres formes. Cela pourrait contribuer à mieux leur faire discerner ce qui est réellement important et ce qu’on peut laisser tomber.
Je me pose également la question de savoir s’il ne serait pas judicieux de proposer le vendredi soir des services religieux aux personnes ayant une activité professionnelle, et pour les seniors, les enfants et les adolescents, de prévoir, dans le contexte d’activités déjà existantes, d’autres possibilités – après-midi et excursions pour les aînés, fêtes en compagnie de jeunes enfants et enseignement religieux et catéchisme.
La tradition de la célébration dominicale a pour origine le fait qu’avec l’avènement de l’Eglise d’Etat, le dimanche fut proclamé jour chômé, conformément au récit biblique de la Création (le septième jour, tu te reposeras). Il va de soi que de tels jours de repos réguliers sont indispensables au bien-être physique et spirituel des gens, mais il faut aussi laisser place à une certaine souplesse.
Nombreuses sont les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas adopter toujours un comportement aussi spontané. Elles apprécient que les choses se déroulent de façon prévisible, comme autant de rituels; cela les tranquillise et leur apporte un sentiment de sécurité. C’est le cas notamment du langage liturgique. A l’expression traditionnelle et ritualisée qui engendre la sécurité s’oppose le désir d’une actualisation qui tienne compte de notre temps. Dans cette optique, la langage des célébrations devrait évoluer, et c’est ce qui se passe. Mais il convient que cela s’opère en douceur. Ce qui importe avant tout, c’est que les parents, les familles et toute la communauté puissent expliquer régulièrement à la génération de la relève, sans oublier les personnes venues de l’extérieur, le déroulement du service et le langage des répons des fidèles, afin que toutes et tous soient invités à célébrer ensemble.
Fondamentaux

On connaît depuis longtemps, avec diverses variantes, l’analogie du soleil et de la lune pour expliquer les rapports du Christ et de l’Eglise. Jésus Christ est le soleil qui se lève chaque jour et dont on sait qu’il brillera. Mais l’Eglise, dans son cheminement au cours du temps, se montre imparfaite. Il y a la pleine lune, la demi-lune, etc. Il y a des temps favorables et d’autres qui le sont moins. Mais l’Eglise devrait poursuivre sa route, confiante en Celui qui est plus grand qu’elle. Le soleil est la lumière pascale qui illumine les Eglises.
Voilà pourquoi, avec cette Lettre pastorale, je voudrais inviter les paroisses et d’autres milieux de l’Eglise à consacrer le temps de carême 2022 à une discussion sur le sujet des services religieux. Ce qui a toujours été, et continue à être, essentiel pour assurer l’existence et la survie de chaque Eglise face aux circonstances heureuses et malheureuses, c’est le courant ininterrompu de la célébration de la foi. Lorsque ce courant se tarit, l’Eglise cesse d’exister.
+ Harald Rein
1 Remarques : Eduard Herzog 1888 : Positionnement de la conception de l’Eglise catholique-chrétienne désormais autonome. Adolf Küry, 1938 : L’importance de la cène dans le mouvement œcuménique pour la foi et la Constitution de l’Eglise. Urs Küry, 1964 : L’importance de la cène ; à qui peut-on / doit-on la donner?; Fritz-René Müller, 2005 : Relation du service religieux avec la vie quotidienne : le devoir de tous et non seulement des ecclésiastiques et officiants.