Historique Saint-Pierre

L’église

C’est le 7 septembre 1835 que le Conseil d’Etat donna l’autorisation de construire un édifice consacré au culte catholique, en spécifiant toutefois le non-usage de cloches, d’où l’absence d’un véritable clocher et la présence d’un clocheton dominant l’entrée principale.

Commencée en 1835, et arrêtée temporairement en 1837 faute d’argent et en raison de l’opposition du roi de Prusse, souverain de l’époque, l’édification s’étendit sur six ans, et le bâtiment fut consacré le 26 septembre 1841, le Conseil d’Etat ayant maintenu sa décision en faveur de la construction.

Au cours des ans, la «chapelle», comme on l’appelle communément, a été améliorée et transformée à plusieurs reprises. Sans entrer dans tous les détails, on peut néanmoins relever quelques événements particulièrement marquants : installation du chauffage, d’un orgue, de deux premiers vitraux, de deux cloches (« Justice » et « Vérité », 1955). Si l’architecture extérieure n’a pratiquement pas été modifiée depuis la construction, l’intérieur a été rajeuni à plusieurs reprises, en particulier en 1957, la rénovation qui a été aussi l’occasion de l’installation de nouvelles orgues. Finalement, une transformation en profondeur du chœur et de la nef a été effectuée en l980.

L’ancien chœur a été démoli pour faire apparaître un mur de pierre brute, et la voûte de stuc abattue, dégageant la poutraison d’origine. C’est à ce moment aussi que les six fenêtres et les deux oeils-de-boeuf de verre ordinaire furent remplacés par des vitraux non figuratifs du peintre chaux-de-fonnier Jean-Paul Perregaux, retraçant divers épisodes de la vie de saint Pierre.

En dehors de l’église Saint-Pierre, la messe fut célébrée – dès les années 40 – dans plusieurs autres lieux du canton, notamment au temple protestant des Hauts-Geneveys, à l’église allemande du Locle et à la chapelle anglaise du Palais Du Peyrou, puis au temple des Valangines, à Neuchâtel.

En 1947, la paroisse put faire l’acquisition de l’ancienne chapelle morave du Locle, qui devint la chapelle Saint-Jean, et où la messe fut dite chaque dimanche jusqu’à sa vente à la Fondation Sandoz (Institution pour jeunes gens), en 1983.

La cure

Située au numéro 5 de la rue de la Chapelle, elle fut bâtie en 1843. Elle était destinée à loger les prêtres desservants. Elle abritait une école pour les enfants catholiques. Transformée en 1936, elle loge toujours le curé de la paroisse (+ 3 locataires), mais l’école a disparu depuis longtemps et a fait place à une salle paroissiale où se déroulent leçons de catéchisme, répétitions du chœur, ventes, kermesses, repas paroissiaux, soirées théâtrales, etc.

La communauté

Pratiquement dès le début de son existence, la communauté catholique fut non seulement le témoin, mais le creuset de nombreux conflits confessionnels, les catholiques « libéraux », républicains sur le plan politique et adversaires des Jésuites, s’opposant aux « ultramontains », conservateurs. Finalement, la proclamation du dogme nouveau de l’infaillibilité papale du 18 juillet 1870 (Vatican) souleva l’indignation des catholiques libéraux, à La Chaux-de-Fonds, comme dans le reste de la Suisse. Dirigé par les membres du conseil de paroisse, de tendance libérale, un groupe de « démocrates catholiques » se constitua. Il organisa des réunions, et fit appel en particulier, à deux reprises, les 19 novembre 1873 et 16 juin 1874, au Père Hyacinthe Loyson, catholique libéral français, dont l’éloquence et les convictions devaient faire triompher la Réforme catholique, laquelle rejette les dogmes nouveaux de l’infaillibilité papale, la confession auriculaire obligatoire, l’emploi du latin, le célibat des prêtres…, réforme qui a considérablement simplifié le culte des saints, de la vierge en particulier. Les samedi et dimanche 28 et 29 août 1875, les catholiques étaient convoqués pour élire leur curé, un candidat de chaque bord étant en présence. C’est l’abbé Victor Marchal, libéral, qui fut élu. La Réforme catholique l’emportait en fait et en droit. Par arrêté du 28 août 1876, le Conseil fédéral autorisait la création d’un diocèse catholique-chrétien de la Suisse, et, le 27 novembre de cette même année, la paroisse de La Chaux-de-Fonds y adhérait, avec l’accord du Conseil d’Etat neuchâtelois.

Ce fut ensuite le curé Charles Hénotelle qui fut en charge de la paroisse jusqu’en 1884, année de l’installation du curé Albert Rais, vicaire depuis 1881, dont le long ministère dura 45 ans, soit jusqu’à sa mort en 1926. On fit alors appel au curé Jean-Baptiste Couzi (vicaire depuis 1925), dont nombre de Chaux-de-Fonniers se souviennent encore, tant son éloquence et son engagement de pionnier en matière d’œcuménisme ont marqué toute la durée de son ministère qui prit fin en 1961. Il est intéressant de noter que le curé Couzi fut le premier prêtre catholique à remonter dans la chaire de la Collégiale de Neuchâtel depuis la Réforme protestante, à l’occasion du premier culte œcuménique célébré en ce lieu, le 25 janvier 1948. Français d’origine, M. Couzi eut pour successeur un autre Français, l’abbé Victor Viguier, qui fut remplacé en 1969 par un Français encore, Francis Chatellard, dont le ministère prit fin en l992. Sa large culture et ses dons musicaux, entre autres, restent profondément imprégnés dans la mémoire de la paroisse. Rompant avec cette tradition, c’est le curé Joan Jebelean, d’origine roumaine, qui succéda au curé Chatellard, et resta en activité jusqu’en 1995, date de son élection comme curé de Lucerne. De 1996 à 2004, le curé Christoph Schuler, d’origine argovienne, a assuré la pastoration de la paroisse jusqu’à son élection comme curé de Soleure. Anne-Marie Kaufmann qui a été ordonnée à la prêtrise en mai 2005 à l’église St-Pierre à la Chaux-de-Fonds a été curé de La Chaux-de-Fonds entre 2005 et 2013. Jean Lanoy, originaire du Nord de la France, a repris cette charge jusqu’en 2015. L’actuel curé est Nassouh Toutoungi.

La paroisse catholique-chrétienne de La Chaux-de-Fonds s’honore d’avoir vu l’un de ses enfants porté aux plus hautes fonctions ecclésiastiques, en l’occurrence Mgr Léon Gauthier, qui fut évêque du diocèse catholique-chrétien de la Suisse de 1972 à 1986.