Lettre de Saint Willibrord 2023

Evêque Harald Rein

Message des évêques vieux-catholiques et anglicans en Europe continentale adressé à leurs Églises lors de la journée de fête de Saint Willibrord le 7 novembre 2023.

La lettre de Saint Willibrord est envoyée chaque année par les évêques anglicans et vieux-catholiques en Europe continentale. Ils se réunissent en été pour une conférence commune. Cette année, Harald Rein, évêque suisse a été mandaté de formuler le message commun.


Ne pas lâcher en périodes de bouleversements

Chers et chères coreligionnaires,

En juin 2023 l’assemblée plénière de la Conférence des Églises européennes s’est déroulée à Tallinn en Estonie. L’assemblée s’est tenue sous la devise « Forger l’avenir – avec la bénédiction de Dieu / Under God’s blessing – Shaping the future ». Il y avait plus de 300 chrétiennes et chrétiens qui s’y sont réunis. Trois familles d’Églises y sont représentées : l’Église protestante, l’Église orthodoxe et les Églises anglicanes-vieilles-catholiques. La présidence se compose donc comme suit : l’archevêque orthodoxe grec Nikitas de Thyatire et de Grande-Bretagne, le haut consistoire Frank Kopania (EKD, Église évangélique en Allemagne) et Madame l’évêque Dagmar Winter (Church of England, Église d’Angleterre). Cependant, ce qui pèse plus lourd, ce sont les décisions et les thèmes sur les contenus de l’assemblée plénière. En premier lieu figurent les déclarations sur la guerre en Ukraine, le changement climatique / la crise écologique et la migration / l’expulsion. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été condamnée. La conservation de la création est un défi que nous toutes et tous doivent relever et nous sommes tenus de servir comme modèles. Nous sommes aussi tenus de nous défendre contre un langage qui déshumanise et catégorise des personnes en fuite.

Nous toutes et tous sont demandés de nous engager pour que des déclarations ne restent pas des déclarations dans le sens qu’elles soient tout simplement prononcées pour se faire une bonne conscience. Dans la perspective des problèmes de plus en plus graves, on a l’impression à première vue que c’est très peu ce que nous pouvons faire dans le concret. Cependant, chaque engagement vaut la peine, car chaque petit pas que nous faisons (nous, la paroisse, le diocèse), contribue à 2 des actions décisives qui rendent l’Europe plus humaine et plus favorable à toutes les personnes. Nous pourrions par exemple soutenir des familles de réfugiés d’une manière idéelle et financière dans notre commune de résidence. Il est donc de mise d’appliquer dans nos habitudes de vie privée et dans l’environnement ecclésial un mode de vie éco-responsable pour donner un exemple et pour préserver les ressources de notre terre. Ainsi, nous veillons à ce que la terre reste un endroit humain et favorable au plus grand nombre d’êtres humains.

Il s’agit là peut être de petits pas, mais ce qui compte sont la persévérance et la ténacité comme le raconte l’évangéliste Luc dans son évangile 18, 1-8 : La parabole de la veuve implorante. En apparence il semble qu’elle assaille le juge aussi longtemps que celui, au bout de nerfs, prononce le jugement en son faveur. Cependant, il ne s’agit pas du juge ou d’une image de Dieu ou de la prière seule. Il s’agit de la puissance de la foi. La veuve peut changer le monde et achever quelque chose tout simplement par sa conviction personnelle et sa certitude. Même si, au début, il semble être inutile. La veuve aurait pu céder en frustration, mais elle a persisté. Nous, les chrétiennes et les chrétiens peuvent aussi changer le monde et faire bouger les choses, si nous persistons, ou pour l’exprimer d’une autre façon : il ne faut pas lâcher.

Rien n’est vain quand on demande, exige ou fait quelque chose au nom de Dieu. La persévérance va de pair avec la ténacité avec lesquelles nous chrétiennes et chrétiens nous impliquons dans la société séculaire. Dans ce sens nous confirmons : « Nous forgeons l’avenir – avec la bénédiction de Dieu » / « Under God’s Blessing – Shaping the future ».

Saint Willibrord a emmené la foi chrétienne dans de grandes partie de l’Europe. Le dernier verset de la parabole dit : Le Fils de l’Homme, quand il revient, rencontrera-t-il encore la foi sur la terre ? La réponse est laissée ouverte. Moi, j’en reste confiant et je souhaite à nous toutes et tous de bonnes expériences et bon succès.

+ Harald Rein