Oser le changement pour prendre un nouveau départ

Lettre pastorale de l’évêque Harald Rein pour le temps du Carême 2023

«Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte.» (Première Epître de Pierre 3,15)

Chers frères et sœurs dans la foi,

Dessin de Paul Klee: Eglise en construction, 1914

Des livres, des exposés, des tables rondes – la sécularisation et l’avenir de l’Eglise sont des sujets permanents. La tendance à la sécularisation se poursuit inexorablement, tout comme la diminution du nombre des fidèles et leur vieillissement. De nombreuses paroisses sont touchées par la baisse de fréquentation des services dominicaux et connaissent des difficultés lorsqu’il s’agit de trouver des bénévoles pour occuper des fonctions dirigeantes. Les baptêmes et les mariages sont toujours moins nombreux, tout comme les services funèbres, sans parler de la diminution du nombre des étudiants et étudiantes en théologie.

Simultanément, on constate l’existence d’un autre phénomène. Même si en Suisse le nombre des personnes sans confession va dépasser le seuil des 40 % ces prochaines années, la plupart des gens sont en quête de sens et de spiritualité, et la recherche d’un christianisme détaché des institutions ou celle d’une religiosité définie de manière individuelle s’intensifient. La foi chrétienne a-t-elle besoin de l’Eglise ?

«Peut-on encore sauver l’Eglise ?» Les rassemblements confessionnels ou œcuméniques consacrés à ce sujet sont toujours plus fréquents, ce qui est paradoxal, car si les organisateurs n’étaient pas convaincus que l’Eglise peut être sauvée, ils pourraient utiliser leur temps plus intelligemment.

Les contradictions et les confusions sont autant de symptômes de rupture et de mutation.

Je suis d’avis qu’il n’y a pas de raison de paniquer. Affrontons les changements nécessaires. Avec la présente Lettre pastorale, je voudrais tenter de définir ce processus et de lui donner une impulsion. Comme l’a dit Vaclav Havel, ancien président de la République tchèque et homme de lettres : «L’espérance, ce n’est pas la conviction que les choses vont s’arranger, mais la certitude que ce qui est a un sens, quelle que soit l’issue.»

Remarques fondamentales

Sur notre planète vivent 9 milliards d’humains, dont 2,5 milliards de fidèles chrétiens. Le christianisme est la religion la plus répandue. En dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, les Eglises prospèrent. Lorsque le Christ promet : «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps» (Matthieu 28,20), cette promesse vaut pour l’Eglise dans son ensemble et non pas pour telle ou telle confession ni pour telle ou telle aire culturelle. On a déjà vu des Eglises plus petites que l’Eglise catholique-chrétienne connaître une forte croissance, et disparaître des Eglises plus grandes que la nôtre. Par définition, la Création divine implique que le monde change et donc que nous devons essayer d’en tirer le meilleur parti possible.

Mais qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi et comment ? Que constatons-nous et comment l’interprétons-nous ? Dans l’espace germanophone, deux théories relatives à la sociologie des religions jouent un rôle important, la théorie ancienne et l’actuelle.

La théorie ancienne se réclame de Max Weber. On peut la résumer comme suit : historiquement parlant, nous ne nous trouvons pas au début d’un processus mais à sa fin. Ce processus a débuté avec les Lumières et la Révolution française, symboles du progrès et du développement des sciences naturelles qui ont «désenchanté» le monde religieux archaïque. Maintenant, nous nous trouvons au terme de ce désenchantement : les humains n’ont plus besoin de la religion ni des Eglises pour donner un sens à leur vie. Du fait de ce processus, les Eglises ont perdu leur monopole. C’est pourquoi seules appartiennent encore à une Eglise les personnes mues par une conviction personnelle et qui savent que c’est là qu’elles trouveront un sens à leur vie. Logiquement, ce processus de réduction transforme les Eglises multitudinistes que nous avons connues jusqu’ici en Eglises confessantes de taille plus modeste.

Concernant la théorie actuelle, je citerai le nom de Hans Joas. Sans vouloir nier le phénomène de la sécularisation mentionné plus haut, il réfute l’angle d’approche selon lequel le progrès technique et scientifique, accompagné par l’accroissement du savoir et l’amélioration de la formation, entraîne inévitablement l’affaiblissement de toutes les religions. Pour lui, le problème ne réside pas dans la théorie du désenchantement mais dans l’Eglise en tant qu’institution. Il estime que les Eglises et les générations précédentes de parents qui se réclamaient d’elles n’ont pas réussi à accompagner leurs enfants dans le domaine de la foi de manière à ce qu’ils restent fidèles à leurs communautés. Il en est résulté l’épuisement du langage chrétien et l’incapacité de transmettre les fondements de la foi chrétienne aux générations suivantes.

De ce point de vue, l’avenir d’une communauté chrétienne dépend de sa capacité à montrer par l’exemple que le fait de célébrer la foi et de la vivre ensemble peut remplacer l’aspiration à donner un sens religieux purement individuel à l’existence.

On ne naît pas chrétien ou chrétienne, mais on le devient lorsque d’autres personnes nous montrent tout ce que peut apporter l’appartenance à une communauté chrétienne.

Quelques faits

Au 31 décembre 2022, l’Eglise catholique-chrétienne comptait quelque 12’000 membres, en majorité d’âge mûr. Nos effectifs stagnent, car les décès ne sont pas forcément compensés chaque année par les adhésions et baptêmes, qui nous réjouissent. Cette évolution s’accompagne d’un certain déplacement. Contrairement à ce qui était le cas naguère, la moitié de nos membres n’habitent désormais plus les anciens bastions catholiques-chrétiens du Fricktal (Argovie) et du Niederamt (Soleure). Tandis que les paroisses urbaines grandissent, celles des régions rurales diminuent. Le regroupement des ressources humaines et financières que cette situation impose ne progresse que lentement, notamment au niveau de la répartition centrale des tâches et de la rémunération du clergé. Il s’agit donc de regarder les faits avec attention et de savoir ce qu’on veut et ce qui a du sens.

Dans tout contexte de mutation se pose la question de savoir quelle est la tâche centrale de l’Eglise en général et de notre confession en particulier. Pour parler plus concrètement : qu’est-ce qui est vraiment essentiel ? A quoi pouvons-nous renoncer ? Que faut-il maintenir absolument ?

Imaginez un peu : au 31 décembre 2023, tous les cantons suisses auraient séparé la religion de l’Etat et au 1er janvier 2024, les membres des trois Eglises officiellement reconnues devraient s’inscrire auprès de leurs anciennes paroisses, conformément au droit des associations. Que resterait-il ? J’estime 20% des catholiques romains, et 10% des réformés protestants. En ce qui nous concerne, je pars de l’idée qu’on pourrait arriver à 30%, du fait de notre petite taille et des relations personnelles plus étroites qui en découlent. Faites le calcul !

Nous qui sommes l’Eglise catholique-chrétienne de ce pays, que pouvons-nous faire pour que le christianisme garde sa pertinence dans la conscience de la société suisse ?

Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais je vais me contenter de mentionner brièvement les points importants avant de considérer, dans le chapitre qui suivra, leurs conséquences structurelles.

  • Seules auront un avenir les paroisses qui, comme autant d’îles, d’oasis, de forteresses ou de phares, sont capables d’attirer les gens et de leur apporter quelque chose.
  • Les paroisses doivent pouvoir proclamer que Dieu ne nous abandonne pas, qu’il nous a créés, toutes et tous, tel·le·s que nous sommes, qu’il nous soutient durant notre vie et nous attend à la fin de notre existence terrestre. Comme nous le disons lors de la célébration de l’Eucharistie : nous proclamons la mort du Seigneur ; nous célébrons sa résurrection jusqu’à ce qu’il revienne en gloire. Tel est notre devoir fondamental, avec la diaconie et la pastorale. L’affirmation de notre identité joue un rôle prépondérant, car bien des gens ne savent plus ce que signifie être chrétienne ou chrétien.
  • Dans le monde germanophone, toutes les Eglises multitudinistes et nationales souffrent d’être trop institutionnalisées et de donner trop de place au clergé. Il convient de corriger ce déséquilibre. La paroisse de l’avenir reposera sur de nombreuses épaules. La vie de l’Eglise portée par la communauté se déployera dans des espaces géographiques plus vastes, avec moins de paroisses et de centres. L’Eglise fait du bien aux personnes, aux niveaux spirituel, pastoral, liturgique et diaconal.
  • L’Eglise doit se soucier d’émancipation et de participation et inclure tous ses membres dans ses prises de décisions et la définition de son identité.
  • Notre tâche primordiale est d’assumer «l’état de disciple» dans le monde et d’y rendre témoignage. Dieu est pour ainsi dire «l’évangélisateur», le proclamateur, et nous sommes les instruments qui permettent d’amener d’autres personnes à la foi chrétienne. Nous devons témoigner sans rien imposer. La croissance s’opère tout naturellement si nous nous rendons à l’église en invitant d’autres à nous suivre.

L’Eglise a le devoir de rugir comme un lion face à l’injustice qui règne dans le monde. Cela pourra se faire de manière différente en fonction des régions et des cultures.

Conséquences structurelles

Je suis d’avis que nous tournons en rond depuis des années. Dès que quelqu’un plaide en faveur d’un changement des structures actuelles, quelqu’un d’autre prend la parole pour demander tout d’abord un débat de fond sur nos objectifs, car le contenu et le spirituel sont plus importants que les structures. Ensuite quelqu’un d’autre souhaite qu’on commence par discuter collectivement de nos états d’âme. Et lorsqu’on a répondu à ces demandes, en consacrant pas mal d’argent à se faire conseiller sous diverses formes, deux années se sont écoulées sans qu’il y ait eu de changement notable. Alors, on reprend tout du début et malgré quelques modestes progrès, nous nous transformons toujours davantage en une organisation à bout de souffle. Ce phénomène ne doit rien à la mauvaise volonté mais plutôt à un processus de refoulement, parce qu’au fond, on ne veut rien changer. Tout doit demeurer en l’état, mais avec davantage de membres, bien sûr.

C’est pourquoi il est grand temps de définir des priorités et d’agir en conséquence.

Voici, esquissé sur la base de mes constatations et de mon expérience, ce qu’il convient de faire :

1. Le diocèse doit occuper la première place.
2. La paroisse doit être une paroisse digne de ce nom.
3. Comme solution de transition, il faut constituer des régions comptant moins de paroisses.

1. Le diocèse doit occuper la première place.

Lors de la fondation de notre Eglise, on a sciemment mis en place d’une part un diocèse catholique dirigé par un évêque, et de l’autre des paroisses jouissant d’une autonomie quasi absolue. Cela était judicieux à l’époque, étant donné qu’on voulait se démarquer du centralisme catholique romain. De nos jours, nous avons besoin de nouvelles structures pour assurer un service optimal à notre clergé et une répartition équitable des ressources personnelles et financières. Concrètement, cela signifie (comme il est prévu dans la motion adoptée par le Synode national de 2022) que la rémunération de tout le clergé est assurée de manière centralisée par l’administration financière du diocèse, tandis que la planification et la répartition des postes sont du ressort du Synode national. C’est ce dernier qui décide ce qu’il convient de considérer comme une paroisse, et d’après quels critères les pourcentages de postes doivent être répartis dans le diocèse. Le nombre exact des membres, la structure démographique des âges, l’étendue géographique, les éventuelles particularités locales, etc. sont autant de facteurs à prendre en compte lors de cette évaluation. Cela ne limite nullement les compétences des paroisses en matière de mise au concours des postes ou de l’élection du curé, femme ou homme. C’est cette pratique qui est en vigueur dans toutes nos Eglises sœurs vieilles-catholiques ainsi que dans les deux autres Eglises nationales de notre pays, bien que ce soit au niveau cantonal. Mais notre Eglise est tout simplement trop petite pour adopter des solutions cantonales. C’est pourquoi la constitution de régions représente une bonne solution de transition.

Un tel regroupement renforcerait en outre la professionnalisation de nos instances et des activités bénévoles, car de nombreuses tâches sont devenues plus complexes et plus exigeantes.

2. La paroisse doit être une paroisse digne de ce nom

Avez-vous déjà réfléchi selon quels critères une paroisse doit être constituée?

Considérez ces deux exemples :
Dans le contexte de la migration, lorsque des coreligionnaires orthodoxes ou anglicans souhaitent créer leur propre paroisse, l’évêque compétent formule les conditions suivantes :

  • Il doit y avoir un nombre attesté de personnes ou de familles de plusieurs générations qui permette d’assurer un service religieux chaque dimanche et jour de fête.
  • Tous les services et fonctions destinés aux laïcs dont une paroisse a besoin doivent être assurés ; le conseil de paroisse, notamment, doit compter au moins cinq personnes.
  • L’enseignement de la religion destiné aux enfants et adolescent·e·s doit être assuré régulièrement.
  • La contribution volontaire des membres doit permettre de financer un lieu de culte, un lieu de rencontre, un poste pastoral à 100%, les autres dépenses courantes et la contribution au diocèse.

En Allemagne, dans notre Eglise sœur vieille-catholique, l’impôt ecclésiastique prélevé sur les revenus des fidèles est versé au diocèse et le revenu des autres impôts ecclésiastiques aux paroisses. Le diocèse finance un poste pastoral à 100% lorsque les conditions suivantes sont remplies :

  • La paroisse compte au moins 250 membres.
  • Il existe un conseil de paroisse / conseil d’Eglise d’au moins cinq personnes.
  • Un enseignement régulier de la religion est assuré.
  • Toutes les autres dépenses relatives à la vie de la paroisse sont assurées par celle-ci.

Cela correspond aux recherches scientifiques qui partent de l’idée que pour qu’existe une vie paroissiale digne de ce nom, accompagnée d’un rayonnement vers l’extérieur, il faut compter au moins cent personnes actives.

Chez nous, au cours des dernières décennies, tout n’a pas fonctionné pour le mieux. Dès que l’argent est venu à manquer et que le nombre des fidèles a diminué, on a décidé en maints endroits de réduire le nombre des services religieux et les pourcentages de postes du clergé. L’argent est consacré à l’entretien des biens immobiliers et à un secrétariat chargé d’assurer le bon fonctionnement du tout. On a donc donné la priorité à l’autonomie de la paroisse, à son existence et au maintien des services religieux. Parfois aussi, deux paroisses de ce type ont engagé chacune un·e ecclésiastique à 50%, tout en maintenant leurs attentes et leurs désirs au niveau de 200%. Voici comment le théologien Jaroslav Pelikan décrit ce phénomène : «La tradition est la foi vivante des morts, à laquelle nous ajoutons notre propre chapitre tant que nous jouissons du don de la vie. Le traditionalisme est la foi mortelle des vivants qui craignent que tout s’écroule si quelque chose change.» Mais la Bible, elle, parle d’une terre nouvelle et d’un ciel nouveau qui accompagneront la venue du règne de Dieu.

Bien entendu, on assiste aussi à de nouveaux départs. Je pense ici aux unions de paroisses et à d’autres formes de coopération, mais je suis d’avis que bien des choses se font trop lentement et trop timidement.

Voilà pourquoi j’estime nécessaire que de petites paroisses s’unissent en une seule plus grande qui réponde aux critères susmentionnés. Il ne s’agit pas de modifier les structures pour le plaisir de les modifier, mais de mettre en place une vie paroissiale meilleure et plus joyeuse qui rayonne vers l’extérieur, ce qu’une telle modification peut réaliser.

3. Comme solution de transition, il faut constituer des régions comptant moins de paroisses

Dans la vie, tout n’est pas noir ou blanc. Bien des choses se sont déjà mises en mouvement, notamment dans les régions. Je pense ici aux paroisses catholiques-chrétiennes unies du Fricktal et à l’Eglise nationale de Bâle-Campagne. Je pourrais imaginer que cette dernière intensifie sa collaboration avec la paroisse de Bâle-Ville ou le Fricktal ; les paroisses de Zurich, Schaffhouse et Saint-Gall pourraient aussi constituer une union, tout comme celles de Baden-Brugg-Wettingen, Aarau-Zofingen et Schönenwerd-Niedergösgen ; de même, le renforcement de la collaboration des paroisses de la région d’Olten, Soleure et Granges serait judicieux. Dans le canton de Berne, les quatre paroisses actuelles pourraient s’unir pour en constituer une seule, comme à Zurich ; en Romandie, enfin, toutes les paroisses membres du Comité romand pourraient coordonner et partager encore davantage leurs ressources. Je comprends tout à fait que dans notre Eglise toute forme de centralisme éveille le soupçon et suscite des oppositions émotionnelles. En Suisse, du fait de l’enchevêtrement de la fondation de notre Eglise avec le Kulturkampf politique d’il y a un siècle et demi, aucune autre Eglise n’est aussi imbriquée avec les structures politiques que la nôtre : nos structures ecclésiastiques sont en quelque sorte le reflet des structures politiques. Mais dans le domaine politique également, on voit de petites communes se regrouper pour en constituer une plus grande, tandis que les cantons se dessaisissent de certaines compétences au profit de la Confédération pour faire face à la complexité des situations actuelles. De tels changements doivent s’opérer à partir de la base vers le haut. C’est pourquoi le renforcement de la collaboration au sein des régions pourrait contribuer dans une large mesure à ouvrir la voie aux réformes qui devraient être mises en œuvre par le Synode national au niveau du diocèse. En outre, il faudrait vraisemblablement envisager une exception en faveur des régions de la diaspora, comme le Tessin.

Pour conclure

Nous devons agir dans la perspective de l’avenir, sans nous accrocher au passé. Cela ne pourra réussir que si la mutation s’accompagne d’un changement de mentalité dans notre attitude fondamentale à l’égard de divers sujets. Je voudrais citer encore une fois deux domaines à titre d’exemple : les relations publiques et la relève ecclésiastique.

On entend souvent affirmer que nous aurions davantage de membres si nous accordions une plus grande importance aux relations publiques. Bien entendu, on peut toujours s’améliorer, mais les expert·e·s en ce domaine sont d’accord pour dire que les relations publiques peuvent certes contribuer à la visibilité d’une organisation, mais ne peuvent rien faire pour attirer davantage de membres si la taille de cette organisation n’atteint pas un certain seuil critique. Je pense ici, par exemple, à l’Armée du salut avec ses collectes des marmites de Noël, ses brocantes et ses refuges pour les sans-logis. Elle est plus petite que nous mais mieux connue – et pourtant elle affronte des problèmes semblables. Autre exemple : l’utilisation des divers moyens dans le domaine des médias. Nous investissons la plus grande partie de nos ressources dans les médias imprimés classiques pour informer nos paroisses. Au lieu de consacrer ces ressources aux nouveaux médias, je pourrais imaginer que «Christkatholisch» et «Présence» deviennent des mensuels imprimés présentant divers sujets intéressants. En outre, un dimanche sur deux, un service religieux paroissial serait diffusé par livestream pour tout le diocèse et le grand public. Par ailleurs, notre page d’accueil électronique n’est plus vraiment à la hauteur quand on la compare à d’autres. Tous ces efforts de relations publiques pourraient améliorer notre image auprès du grand public. Mais cela ne se traduirait pas forcément par l’adhésion de nouveaux membres. D’ailleurs, si on compare la situation actuelle avec celle d’il y a vingt ans, on constate que notre présence médiatique a fait des progrès.

Qu’elle provienne de nos propres rangs ou de personnes ayant suivi une filière différente, notre relève ecclésiastique est insuffisante, ce qui est regrettable. Moi aussi, je souhaiterais qu’il y ait plus d’étudiant·e·s en théologie. Mais peut-être vivons-nous dans une époque où nous devons apprendre à constituer une Eglise avec moins de personnel. Peut-être devrions-nous – exception faite de la profession de curé à 100% – renoncer à l’image de l’ecclésiastique universitaire et mettre en place de nouveaux cursus de formation pour des ecclésiastiques et diacres (femmes et hommes) qui assisteraient à temps partiel ou bénévolement les responsables de paroisses. En outre, nous devrions offrir plus de possibilités de formation aux laïcs actifs à temps partiel ou bénévolement. A moyen terme, nous disposons d’assez de ressources humaines pour mettre en place un processus de transition et ouvrir de nouvelles voies – mais il faut nous atteler à la tâche dès maintenant.

Nous avons pour mission de célébrer et de proclamer le Christ ressuscité. Nous avons pour mission de convaincre des femmes et des hommes de devenir les disciples de son Evangile et de nous engager pour défendre ses valeurs dans le monde. Ce n’est pas la même chose que de gérer les vestiges d’une Eglise multitudiniste et nationale.

+ Harald Rein